Épave du Maréchal Canrobert plongée en recycleur
Nous n’avions pas pu plonger l’épave du Maréchal Canrobert l’année dernière… on s’est rattrapé il y a 15 jours.
Paquebot Maréchal Canrobert face
Epave du Paquebot Maréchal Canrobert :
Historique de SS épave Maréchal Canrobert (+1892)
Nationalité: Française
But: transport
Type: paquebot
Propulsion: vapeur
Date construction: 1872
Poids (tonnes): 1227 grt
Dimensions : 81 x 10 m
Matériel: Acier
Moteur: machine à vapeur compound (double étage)
Puissance: 1050 ch
Vitesse: 15.5 noeuds
Sister-ship : Ajaccio, Afrique, Bastia, Lou Cettori, La Corse, Immaculée Conception, Mohamed Sadock.
Raison naufrage: collision
Date naufrage: 07/07/1892
Victimes: † 5 rang: 583
Le Constructeur du Paquebot Maréchal Canrobert : Scott Shipbuilding and Engineering Co. – John & Robert Scott, Greenock (Port Glasgow) GB
Dern. Propriétaire : Cie. Générale Transatlantique (CGT, Cie. Générale d´Armements Maritimes), Paris FR de 1881 à 1892
Propriétaire Précédent : Valery Frères & Fils, Marseille FR de 1873 à 1881
Depuis son lancement il était la propriété de la compagnie Valéry à Bastia qui reliait la Corse au continent puis désservit aussi l’Italie et fut affecté en Mai 1870 à l’Algérie. Un contrat de l’état français lui permit de proposer deux départs par semaine pour Alger, un pour Oran et Tunis.
LE NAUFRAGE du Paquebot MARÉCHAL CANROBERT :
Le Jour du naufrage, le paquebot, en provenant de Bône (Annaba), Algérie, fut abordé près de l’île du Planier en rade de Marseille par le croiseur Hoche qui manoeuvrait en escadre.
« Le Hoche l’éperonne avec violence à la hauteur des 3me classe, par le travers du mat de misaine babord. Il est 6h37 du matin, le paquebot « craque avec un bruit de noisette » …. par bonheur, l’ancre du Hoche croche dans la coque de l’abordé et le retient quelques temps.
Le sauvetage du Maréchal Canrobert
Le commandant du Hoche, le capitaine de vaisseau Boutet, donne un ordre qui sauvera les passagers du paquebot : il envoie tous les marins disponibles sur celui-ci, avec mission de ramener les rescapés sur le cuirassé. »
Le Maréchal Canrobert Coula en 8 minutes et fit 5 victimes, dont 3 enfants et 2 soldats.
Le Cuirassier Hoche a mis moins d’une heure pour rallier le port de Marseille à 30 km/h environ, depuis le large de l’ile de Planier.
HISTORIQUE DES PLONGEES SUR LE MARÉCHAL CANROBERT :
En 2008, La Comex trouve un écho au sondeur au large du Planier, et décide d’envoyer tout d’abord un ROV (remotely operated vehicle ou sous marin filoguidé), puis devant l’intérêt de l’épave, Mr Henry Germain Delauze, le regretté président de la Comex, plongera plusieurs fois dessus avec son sous marin, le Minibex, dont avec son ami Mr Jean Claude Cayol.
Au cours d’une de ces plongées Mr Delauze remonta un Fanal ( sorte de grosse lanterne) avec le nom du chantier Naval inscrit dessus qui lui permit d’identifier l’épave du Maréchal Canrobert.
C’est la Comex qui a donné les coordonnées GPS de l’épave à Mr Joncheray qui les a partagées.
La Comex avait même un projet de film commercial sur cette épave.
L’épave a été déclaré au DRASSM par Jean Claude Cayol il y a quelques années.
Nous voulions déjà plonger cette épave l’année dernière, en avril 2011, lors de notre campagne « A la poursuite du protée et du Natal » mais nous n’avions pas pu faute de temps. Cette épave semble avoir été plongée depuis au moins 2010 et même en « ouvert ». Un plongeur en a même fait des images, puis Jerome Espla en 2011. On retrouve ces images dans le reportage de France 3 ainsi que celles de Jérome Espla.
http://www.dailymotion.com/video/xp1nn3_le-zoom-2-l-ivresse-des-profondeurs-25-02-12_tv?fbc=806
Christophe me confirme l’avoir plongée 3 fois.
D DAY PLONGEE SUR L’ÉPAVE DU MARÉCHAL CANROBERT :
Ce matin c’est lever à 6h et petit dej à 6h30 faut être au bateau à 7h, il faut préparer le bateau, et on aura a mini 1H de navigation l’épave se trouve à 14 Miles nautique au large de Marseille, bien après l’ile du Planier au double de la distance entre Marseille et l’ile. On a prévu de passer 5h en mer, 1H aller, 3H sous l’eau et 1h retour, ça commence à faire beaucoup…
Ce matin Christophe en CCR, plongera en binôme avec Louis en OC ( sisi lol), Yannig Jerome et moi ensemble, notre plongeur sécu, Benoit, a réussi à convaincre sa femme de le laisser participer à l’aventure, LOL, plus notre pilote.
Tout le monde est prêt
La mer est plus calme ce matin conformément aux prévisions météo, mais 30 km au large des cotes c’est pas tout à fait pétole. Je compte sur des conditions de visi bien meilleur que la veille.
Il en faut du matériel !
Au bout d’une heure de navigation, pas besoin de chercher l’épave du Maréchal Canrobert, alors qu’on arrive dessus à notre vitesse nominale, elle est tellement énorme au fond, que le sondeur la tope immédiatement !
On mouille la line et on se prépare tranquillement Benoit nous aide. A l’eau on se rend vite compte que la visi ça va pas être tout à fait ça.. c’est épais en surface et il reste des particules, c’est meilleur qu’hier certes mais bon…. ALLEEZZZ GAZZZZZ descente à maxi 40m/min, en bas … c’est sombre et je prépare mes éclairages en attendant mes sbirres…
Les Grosses Gorgones ont envahie le pont de l’épave
La Line est à 1m de l’épave…. juste MONSTRUEUSE, c’est pas le Haven certes mais ya du monde ! L’épave du Maréchal Canrobert est couchée sur le flanc c’est à dire que la partie supérieure de l’épave est sa coque et elle est recouverte d’un champ de grosses gorgones jaunes et rouges et il y a des banc de poisson de partout. C’est très dommage que la visi soit pas top, la partie laiteuse des 0-6m filtre trop la lumière et on a des particules en plus.
Plongée sur les Gorgones et les bancs de poissons de l’épave du maréchal Canrobert
On palme un peu sur le sommet puis on descend le long du pont, on capte l’immensité de l’épave, de ses super-structures, il y a pas mal de grosses ouverture sur le pont qui permettent de pénétrer à l’intérieur ce que nous faisons rapidement.
On descend le long de l’épave
Plongée à l’intérieur de l’épave du Maréchal Canrobert
C’est juste MAGNIFIQUE de pénétrer une épave comme celle ci par moins 110m, à l’intérieur c’est gigantesque aussi, il y a des traces d’incendie, de fumées de suies, des débris partout, des trasses de fracas.
Des Traces de suies et de fumées
On a du faire 15 ou 20m à l’intérieur, et on ressort par une ouverture encore plus grosse.
C’est « fracassé de partout !
On continue à longer la coque et on arrive sur ce qui semble être le bout (mais à y repenser, je n’en suit pas si sur…) un énorme filet remonte droit en pleine eau devant nous cache t il un bout de structure ? Un mat ? L’épave continue t elle plus loin ? C’est vrai qu’à cet endroit il est difficile de comprendre qu’elle est la partie du bateau, et la visi n’aide pas.
Y a t il un mat sous ce fatras de Filets ? En regardant la vidéo plusieurs fois… j’ai l’impression qu’il en manque un bout de l’épave du Maréchal Canrobert ?
Vu le timing, faut faire demi tour, le DTR (temps total avant sortie) commence à tourner de plus en plus vite…. oups…
Des Mola Mola encore curieux
On remonte donc sur le flanc dans le champ de gorgones, et PAF encore deux beau Mola Mola plein de curiosité, qui viennent se faire caresser la « couenne » .
On croise alors seulement Louis en ouvert qui vient d’arriver sur l’épave avec Christophe. Ils ont prévu de remonter à 15′,ils décolleront à 13′ ils vont nous rattraper vers 20m je crois nous dépasser et sortir bien avant nous ouch !
On croise le buleux avec son binôme… LOL
On quitte le fond à 23′. on retrouve à 30m notre fidèle compère, Benoit, qui prend en charge une partie de nos blocs et nous accompagne jusque la barre de palier. Cette fois pervers pépère a bien régler ses GF et ils nous colle Yann et Moi.
« Croisement » des deux palanqués
A 6m on se rend compte que c’est de plus en plus laiteux le pire étant à 4,5m, mais par contre grosse différence de température : au fond l’eau est à 13°C, à 7m 18°C, à 4,5m 19°C et 22°C en surface. A 6m…il me reste encore 102′ de déco, je bois une bouteille d’eau et branche la vidéo « bienvenuti al sud » pour faire passer le temps.
Jérome est resté sur la line à même pas 4 m de moi je lui demande combien il lui reste de palier, la visi est tellement nulle que je ne vois pas ses signes !
Mais une chose est sure quand on est sorti de l’eau, on avait la BANANE !!!! LOL
Yannig recherche un trou le long du pont du Maréchal Canrobert
Quel pied !
Le Champ de Gorgones sur le dessus de l’épave
On y reviendra !
Vidéo de la plongée sur l’épave du Maréchal Canrobert
Sources : DRASSM, Naufrages en Provence ou le Livre des Epaves(c) 1985 de Jean Pierre Joncheray, Jean Claude Cayol
Tous les documents d’époque m’ont été donnés par MM Joncheray et Cayol.
Données techniques de notre plongée sur l’épave du Maréchal Canrobert :
Plongée de 3H 11′ en recycleur AP Diving Vision & Mini Megalodon au trimix 8/78 profondeur max 110m. En trinome Jerome Mercier, Yannig Charles, bibi, et Christophe et Louis Pettex Sabarot en semble, merci à notre plongeur sécu et notre pilote qui ont accepté de passer 5h en mer ! LOL
Remerciements Posthumes à Mr henry Germain Delauze qui est décédé le Mardi 14/02/2012 à Marseille :
Henri-Germain Delauze, est né 17 septembre 1929 à Cairanne . Diplomé des Arts et Métiers, il découvre la plongée lors de son service militaire à Madagascar en 1949.
Il fut un pionnier de la plongée sous-marine et le fondateur de la Comex, célèbre société Marseillaise qui fut pendant très longtmeps le leader mondial des travaux sous-marins. Il rejoint ensuite l’équipe d’un autre pionnier le Commandant Cousteau et participe aux premières plongées archéologiques de 1952 à 1955.
Ayant dirigé la construction d’un tunnel autoroutier à La Havane à Cuba pour l’entreprise Grands travaux de Marseille, il décida de créer sa société, la Compagnie maritime d’expertise mieux connu sous le nom de Comex, en 1961.
La croissance de la Comex va exploser, dans les années 70, avec le Boum du pétrole offshore. La Comex est effectivement pionnière dans les travaux sous-marins, on ne compte plus ses records de plongée (tel HYDRA 10 : Record du monde de profondeur par Théo Mavrostos plongée simulée en caisson de trois plongeurs établi à 701 m toujours inégalé) et les innovations technologiques, notamment dans la mise au point des caissons hyperbares.
La recherche archéologique et d’épave avait toujours été son « dada » et on lui doit nombre de découvertes d’épaves grâce à ses « outils » le Janus II, le Remora, le Minibex.
D’autres illustrations sur le naufrage du Paquebot Maréchal Canrobert
Une illustration d’époque du cuirrassier Hoche
Une Illustration d’époque de la « rencontre » avec le Hoche quelques instants avant le naufrage Du Maréchal Canrobert
Une belle plongée sans doute
Pour la visi je ne crois pas que cela puisse être meilleur devant Marseille
Peut être après un coup de mistral
La plus belle image c’est celle des mola mola
je ne vois pas de langoustes ???
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Salut Gerard t’es abonné maintenant, certaines fonctionalités du blog vont évoluer
Salut Nico,
Merci pour le CR. très riche et formidablement bien documenté.
Je suis heureux d’avoir pu vous passer un coup de main modeste par ma présence (porteur de blocs ce n’est pas si mal). Vous m’avez comblé par un retour d’expérience que je ne pouvais espèrer. Moi jeune padawan de la plongée 🙂
A bientôt pour une prochaine