LA PLONGÉE DÉFENSIVE TENIR COMPTE DE TOUTES LES EVENTUALITÉS
Qu’est-ce que la plongée défensive ? Si pour expliquer le concept nous devions faire l’analogie avec la conduite automobile : les automobilistes survivent sur les routes en adoptant des techniques qui tiennent compte de toutes les éventualités – les plongeurs doivent faire de même.
Que se passe-t-il lorsque vous regardez votre ordinateur en plongée et que l’écran est noir ?
Quand on apprend à plonger, on vous donne un peu de connaissances et on vous enseigne des compétences de base. Vous passez un test théorique et démontrez que vous êtes capable d’exercer vos compétences et c’est tout : vous obtenez une certification, (un permis) pour plonger, louer un équipement de plongée, acheter des gonflages d’air et le droit de participer à des voyages de plongée.
Par la suite, au fur et à mesure que vous faites de la plongée, vous améliorez vos compétences et vous rencontrez divers problèmes. En maîtrisant les compétences et en réglant les problèmes que vous rencontrez, vous acquérez la capacité de prévoir les problèmes et d’éviter ou de gérer les situations dangereuses.
Comme vous le reconnaîtrez peut-être, cela s’apparente au processus d’apprentissage de la conduite automobile. (On en revient toujours à l’auto..)
En plongée comme en conduite, cependant, quelle garantie avez-vous que l’expérience vous apprendra tout ce que vous devez savoir ?
Vous rencontrez régulièrement des conducteurs sur la route et des camarades-plongeurs sur le bateau de plongée qui, malgré leur grande expérience, semblent avoir de faibles compétences et des connaissances insuffisantes, dans la mesure où ils présentent un danger potentiel pour eux-mêmes et les autres.
Vous pouvez aussi secrètement savoir que vos propres compétences ne sont pas aussi précises que possible. De plus, l’expérience est souvent contrebalancée par un excès de confiance et de complaisance.
Dans le monde de l’automobile, pour former des conducteurs plus sûrs et plus qualifiés, il existe des cours de formation sur ce qu’ils appellent la conduite défensive. Vous pouvez choisir de suivre un cours de conduite défensive ou vous pouvez être condamné à suivre un stage de la prévention routière où on va vons parler de la conduite défensive.
Le concept a été introduit aux États-Unis dans les années 1960. Le manuel « Des pratiques sûres pour les opérations de véhicules à moteur » définit la conduite défensive comme « la conduite pour sauver des vies, du temps et de l’argent, malgré les conditions qui vous entourent et les actions des autres ».
Entre autres choses, les conducteurs apprennent à anticiper et à évaluer les situations dangereuses et à prendre des décisions éclairées. En plus de leur montrer comment conduire de manière sensée et en toute sécurité, ils apprennent des choses utiles telles que la réduction de la consommation de carburant et la réduction de l’usure du véhicule.
On leur donne également des directives pour être courtois avec les autres usagers de la route.
En plongée sous-marine, le plus proche d’un cours de conduite défensive est la formation Rescue Diver ou son équivalent, mais il s’agit généralement plus de réponses d’urgence que de développement des compétences personnelles et de la prise de conscience.
Certains aspects de la formation de Divemaster correspondent au concept de plongée défensive, mais il s’agit d’un cours professionnel. Peu de plongeurs vont réellement en faire l’expérience.
Regardez votre ordinateur de plongée avec scepticisme
Votre ordinateur de plongée est un outil utile, mais c’est un appareil électronique fonctionnant sur batterie avec seulement un ou deux joints toriques protégeant ses composants électroniques complexes de l’eau à haute pression qui essaie toujours d’aller le griller. Votre ordinateur peut tomber en panne complètement à tout moment.
À un moment donné, chaque ordinateur de plongée « meurt » pendant son utilisation et la loi de la plongée en scaphandre de Murphy stipule que le vôtre tombera en panne lorsque vous en aurez le plus besoin.
Cela devrait vous inciter à regarder régulièrement votre ordinateur pendant chaque plongée. Si vous faites cela, et que vous ressentez un jour le sentiment de regarder l’écran et de voir que celui-ci est complètement noir, vous pourrez toujours vous souvenir de votre profondeur et de la période écoulée depuis la dernière fois que vous l’avez regardé.
Cela vous donnera confiance et vous aidera à gérer une remontée en toute sécurité.
Vous ne voulez surtout pas vous rendre compte soudainement que votre ordinateur est en panne lorsque vous n’y avez plus prêté attention depuis le début de la plongée.
Dans cette situation, vous ne savez pas à quelle profondeur vous êtes, à quel moment de la plongée vous êtes, ni depuis combien de temps vous êtes en panne. Tout ce que vous pouvez faire est de deviner votre état de décompression pendant votre remontée.
Ou bien alors, votre ordinateur peut n’être que partiellement en panne et vous donner des données incorrectes, ce qui peut en réalité être pire. Voici deux infos qui montrent comment les ordinateurs de plongée peuvent mal tourner d’une manière que vous n’auriez peut-être pas imaginée.
L’ORDINATEUR FAIT SURFACE TOUT SEUL
L’ordinateur de Sandra semblait bien fonctionner lors d’une longue plongée sur un tombant de récif profond, jusqu’à ce qu’elle remonte à la fin de la plongée.
Elle remarqua que la profondeur qu’il affichait semblait être moins profonde qu’elle ne le pensait. Effectivement, à mesure qu’elle montait, la profondeur passa à zéro et l’ordinateur basculait en mode surface.
En ce qui concerne l’ordinateur lui-même, la plongée était terminée. Cependant, Sandra était encore plusieurs mètres sous l’eau.
Heureusement, elle avait à proximité un coéquipier qui avait plus ou moins fait la même plongée. Elle a nagé, a demandé à voir son ordinateur et a vu qu’il affichait 6 m. Sandra réfléchit rapidement et conclut qu’il était probable que l’ordinateur affichait 6 mètres de profondeur depuis un certain temps de plongée. Elle ne savait donc pas si elle était entrée dans la déco ou non.
Son binome n’a pas accumulé de temps de décompression, ce qui l’a rassurée.
Juste pour être certaine, elle a fait un arrêt de sécurité prolongé puis est sortie.
Elle a supposé que le problème informatique pouvait être lié à une batterie faible. Elle a donc changé la batterie et a plongé de nouveau avec son ordinateur, emmenant cette fois un ordinateur de secours à des fins d’assurance (redondance).
La même chose s’est produite à nouveau. Elle a vérifié que le trou d’épingle menant au capteur de pression n’était pas bouché et a continué à plonger avec les deux ordinateurs au cours des prochains jours.
Après environ une douzaine de plongées, l’ordinateur défaillant est revenu à la normale. Elle n’a toujours aucune idée de ce qui s’est passé.
Personnelement dans ce cas là, je vous suggère de ne pas attendre du tout et de l’envoyer en révision sans plus attendre : on a qu’une vie.
L’ORDINATEUR QUI VOUS PUNIT
Christophe était niveau 4 à Cassis et avait plongé avec son groupe sur une épave. En remontant, il passa un plongeur d’un autre groupe, qui était suspendu au bout.
Le plongeur a signalé qu’il avait besoin d’aide et a montré son ordinateur à Christophe, qui lui indiquait qu’il lui restait une heure de décompression. Le manomètre depression du plongeur a montré qu’il n’avait pas assez d’air pour une heure de plus.
Christophe a noté le temps de plongée écoulé sur l’ordinateur du plongeur et a sorti ses tables de décompression de secours. Il a supposé que le plongeur effectuait une plongée répétitive et a examiné les paliers requis pour effectuer une plongée à la profondeur maximale du site de l’épave pendant toute la période où le plongeur avait été dans l’eau.
Même avec ces paramètres, les tables de décompression nécessitaient beaucoup moins de temps de décompression que ne le montrait l’ordinateur du plongeur.
Christophe a écrit sur sa plaquette : “Faites cette déco, ne vous inquiétez pas” sur une ardoise, puis a répertorié les paliers de décompression et les temps donnés par les tables. Il est resté avec le plongeur jusqu’à ce qu’il soit monté en sécurité et qu’il soit de retour sur le bateau. (Au fait parmi vous, qui a une ardoise sur lui ou un wetnote pour communiquer sous l’eau ?)
Lorsque le plongeur le cherchait plus tard pour le remercier, Christophe s’abstint de le sermoner pour avoir entamé une décompression de ce type alors qu’il ne comprenait pas vraiment ce qu’il faisait.
Au lieu de cela, il a expliqué diplomatiquement que de nombreux ordinateurs de plongée ne sont pas conçus pour les plongées avec paliers de décompression, ou lors de plongée yoyo, et pénalisent souvent inutilement les plongeurs s’ils passent à la déco, en particulier lors de la deuxième, ou pire lors de croisière, troisième ou plus plongée de la journée.
SAVOIR CE QUE L’ON LIT
Gardez un oeil sur votre ordinateur.
Comment savez-vous que votre ordinateur vous donne la mauvaise information ? L’étude de différentes tables de plongée vous aidera à identifier le type de limites de non-décompression que vous devriez observer à différentes profondeurs et vous donnera une idée des schémas habituels des paliers de décompression si vous vous écartez de la plongée no déco.
Si vous passez d’un ordinateur à un autre, pensez à conserver le vieil ordinateur et à continuer à plonger avec lui dans une poche à glissière en guise de secours, au cas où votre nouveau et brillant nouvel ordinateur commencerait à mal se comporter et que vous ayez besoin d’un deuxième avis.
Enfin, si vous envisagez de faire de la plongée avec une décompression planifiée, achetez un ordinateur spécialement conçu à cet effet.
J’espère qu’après ces deux exemples vous comprenez mieux le concept de plongée défensive, et que ce mot ne vous fait plus peur. Tout est dans la préparation et la planification, ce que nous plongeurs tech appelons la what if ? Qu’est-ce qui ce passe si ? Mon ordinateur tombe en panne par exemple. On peut aussi voir des stratégies de plongée plus défensives.
On peut décrire des stratégies plus démocratique qu’on peut considèrer intrinsèquement au concept de plongée défensive.
Le mot défensive dans un contexte de plongée, est une analogie au monde automobile, ce me semple une excellente méthode pédagogique. En effet la conduite automobile est anticipation, où défensive signifie sécurité, prudence, prudence et prudence.
Dans d’autres contextes, le mot «défensive» peut signifier négatif, craintif ou résistant au changement. Ce ne sont certainement pas des traits qui aident le plongeur autonome de quelque manière que ce soit.
Source : le nouveau livre de Simon Pridmore : Scuba Exceptional, crédit photo : contremamontre.fr/